Éducation 16/07/2025

Ce que cache notre dressing : décryptage d’une étude édifiante sur les comportements d’achat textile

La dernière étude menée par l’ADEME et L’ObSoCo (L’Observatoire Société & Consommation) nous invite à ouvrir nos placards… et les yeux. Pendant un an, plus de 4 000 personnes ont été interrogées, 159 suivies dans leurs achats réels, 40 rencontrées chez elles pour un inventaire complet de leur garde-robe. Objectif : comprendre nos comportements face à l’habillement. Résultat ? Une plongée saisissante dans les logiques de consommation, entre achats impulsifs, plaisir, placards pleins et vêtements jamais portés.

Une consommation dominée par une minorité

Seuls 20 % des Français achètent des vêtements tous les mois. Mais cette minorité, jeune, urbaine et connectée, pèse lourd dans le marché. À l’inverse, la majorité achète plus rarement. Pourtant, tous les profils confondus, les Français déclarent posséder en moyenne 79 vêtements… qui sont en réalité 175, quand on les compte vraiment. Et la moitié dort dans les placards.

Le stock plus que le flux

La prise de conscience écologique n’empêche pas l’accumulation. Plus de 120 millions de vêtements seraient encore à l’état neuf dans les armoires des Français. Le souci n’est donc pas tant ce qu’on achète aujourd’hui, mais ce qu’on garde sans porter. Pourtant, la remise en question porte rarement sur la quantité achetée, davantage sur le rangement ou la culpabilité post-achat.

 

Au moins 120 millions de vêtements

à l’état neuf stockés

dans les placards des Français

 

Le règne de la fast et ultra fast fashion

H&M, Zara, Primark, Shein ou Temu sont devenus des lieux d’achat majeurs. Près d’un Français sur deux s’approvisionne dans une enseigne de fast fashion de première génération, 24 % dans l’ultra fast fashion en ligne. Des modèles basés sur la vitesse, le prix bas, et une capacité algorithmique à créer du besoin. Le plaisir d’achat l’emporte sur la durée d’usage : les consommateurs d’ultra fast fashion achètent 52 % de vêtements en plus que la moyenne… mais les portent moins.

 

 

La seconde main, vraiment vertueuse ?

Le marché explose : 42 % des Français achètent ou revendent des vêtements d’occasion, principalement via Vinted. Mais ce modèle n’échappe pas aux paradoxes : la seconde main est souvent un moyen d’acheter plus pour moins cher, pas nécessairement de consommer moins. Résultat : des effets rebonds nombreux (plus de volume, rotation rapide, revente pour racheter), qui atténuent son intérêt environnemental.

 

Pourquoi Thalamus s’y intéresse ?

Parce que c’est une étude très bien menée, riche, documentée, exigeante.
Parce qu’elle nous donne à voir, concrètement, comment les habitudes évoluent, comment les récits de consommation se construisent, et comment les tensions (prix, plaisir, écologie, image de soi) s’expriment dans les choix du quotidien.

Et parce qu’on parle ici de comportements, d’usages, d’imaginaires. Et donc de communication.

Chez Thalamus, on explore ces mutations depuis des années. Cette étude est une matière précieuse pour penser autrement les marques, les récits sectoriels ou les stratégies de filière. Plus connectées aux usages réels. Plus responsables. Et, surtout, plus utiles.

 

Chiffres issus de l’étude ADEME–ObSoCo 2025 « Analyse des pratiques liées aux achats de produits d’habillement… et leurs impacts environnementaux », fondée sur une enquête auprès de 4 000 personnes représentatives de la population française, un suivi longitudinal et des entretiens ethnographiques.

À découvrir ici :
Analyse des pratiques liées aux achats de produits d’habillement, étude menée par l’ADEME et l’ObSoCo. 

 

L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde.
Jusqu’à 4 milliards de tonnes de CO₂ émises chaque année pour les vêtements et les chaussures.
Alors que le secteur connaît une profonde restructuration, fragilisé par les crises sanitaires, les tensions inflationnistes et les arbitrages budgétaires des ménages, de nouveaux acteurs redessinent les pratiques.
Les enseignes de fast et ultra fast fashion, en tirant toujours plus vers le bas les standards de prix. Les plateformes de seconde main, qui encouragent une consommation circulaire… mais pas toujours plus sobre. Et les marques à positionnement écoresponsable, qui peinent encore à devenir un réflexe.
Dans ce contexte mouvant, l’étude ADEME, ObSoCo et GOODWILL MANAGEMENT explore en profondeur les comportements d’achat textile des Français, les signaux faibles et les effets rebonds.